jeudi 30 juin 2011

Sus aux Lellebore-Lasphodèle


A l'heure des restrictions budgétaires, des réductions de postes, des fermetures de classe, nous arrivent des petites jeunes qui rentrent dans la carrière. Souvent par la petite porte, des débuts tortueux, commençant au centre aéré, ou au balai, ou aux deux, bien sûr quatre jours par semaine mais de 7h30 à 18h30 avec vingt minutes de pose. Il y a le grand enthousiasme, le plaisir de l'odeur du propre, du travail bien fait, vite fait, le plaisir de voir passer les enfants des larmes au rire, du gribouilli aux jolies demoiselles aux longs cils, de la lecture d'une histoire quand la maîtresse est absente, du sourire de celle-ci lorsqu'elle rentre soudain dans la classe. 
Et puis la vague des besogneuses. Celles qui n'ont jamais connu le plaisir de l'odeur du propre, celles qui ont oublié celui de voir passer les enfants des larmes au rire disant il chiale encore celui là. Nombreuses, appartenant à des castes diverses dont elles refusent l'interaction par esprit de corps, dont tout membre extérieur ou cheveu qui dépasse devient corps étranger. Vaguement sympathiques prises une par une, elles deviennent une masse hostile, s'individualisant dans les petites blessures, les petites actions mesquines, les allusions perfides, les ragots, les dénonciations calomnieuses. Sans l'aide de Blaise le dompteur de tache, on est foutu. Les plus résistantes s'obstinent, les autres rentrent dans le moule ou deviennent elles--mêmes des Lellebore-Lasphodèle. J'espère que la mienne restera une fée, une petite fée brulée dont les ailes vont repousser. 

1 commentaire:

  1. Bonjour Dvorah
    C'est un très bel article que tu nous offre là. Etre et travailler auprès des enfants est parfois une tâche ingrate mais oh combien gratifiante quand on veut bien le voir ainsi.
    Bonnes vacances à toi
    Sandrine

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